EVELYNE OWONA ESSOMBA

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L’ardeur et la rigueur au service du talent

De l’avis de ses innombrables fans, elle incarne la fraîcheur, la pro activité, la sagacité de la plume, la créativité, l’écriture fleurie, la rigueur, la rectitude, la polyvalence. Pour eux c’est le prototype même d’une forte antenne, d’une grande gueule, d’une plume extraordinaire qui captive et contraint à rester accroché au cœur de la CRTV TV. Certains la disent perchée au sommet d’une tour inaccessible voire fermée. Et pourtant c’est une femme, une mère, une épouse et une journaliste qui nous est apparue intarissable sur son parcours assez extraordinaire porté par une vie plutôt ordinaire. Voici à la Une de ce portrait exclusif, la présentatrice vedette du 20h30 sur la télévision nationale, madame Evelyne Owona Essomba, née Evelyne Mengue Akoum.
Née le 24 janvier 1977 à la maternité principale de Yaoundé. Elle est issue d’une fratrie de 7, c’est le 3ème enfant dans l’ordre d’apparition, mais la 1ère fille donc bien encadrée avec deux frères aînés, deux petites sœurs et deux petits frères. Evelyne est originaire du Département du Mbam et Inoubou, son père est Bafia et sa mère est originaire de la Lékié, de Sa’a précisément. Elle est le fruit du croisement du Mbam et de la lékié. Mère de quatre enfants elle dit d’eux qu’ils sont sa raison de vivre, ses cadeaux du ciel et elle espère en faire des hommes et des femmes utiles à notre pays.

Parcours scolaire et académique sans fausse note

Evelyne avoue être fière du fait qu’elle soit le fruit de l’école publique, ses parents n’ayant pas eu les moyens de l’inscrire dans des écoles privées. Elle va passer sa petite enfance à l’Ecole Maternelle marché B de Dschang qu’elle a fréquenté à la faveur de la profession de son père qui travaillait à l’époque au Centre universitaire. Elle se souvient encore de quelques facéties: « je me souviens qu’on sortait souvent avec quelques camarades, on passait la clôture qui était faite de haies et de paille pour aller chaparder dans le marché, qui, un poisson fumé qui, un peu d’arachide, bref tout ce qu’on pouvait arracher sur les étales des marchands. Un jour on a réussi à voler sur l’étale du poissonnier un poisson tout frais qu’on a mangé tout cru derrière la salle de classe. Sauf qu’on s’est fait prendre par la maîtresse et vous pouvez vous imaginer ce qui s’est passé par la suite. On a vraiment reçu une volée de bois verts. Je ne sais pas ce que sont devenus mes petits camarades, je n’ai que des souvenirs un peu flous. »
Après la maternelle, Evelyne entame le volet primaire à l’école publique groupe 2 à Dschang : « Je m’en souviens bien. Je me souviens même du nom de mon maître de la sil monsieur Ndonguitsop Robert. Je ne sais pas ce qu’il est devenu. Il était très âgé déjà à l’époque. »
Son père est affecté à Yaoundé, à cause de sa profession, Il était agent administratif à l’université de Yaoundé. D’abord à la bibliothèque puis au rectorat et sa carrière s’est achevée à l’école polytechnique de Yaoundé. Donc elle revient à Yaoundé où l’on l’inscrit au cours élémentaire 2 à l’Ecole publique du Camp Yeyap. L’intelligente élève y obtient le CEP et le concours d’entrée en sixième. Mais, là où le bât blesse selon le responsable de l’école : « Je me souviens que j’avais 9 ans et que le Directeur de l’école était très angoissé. Il pensait que je n’étais pas assez mûr. Il a d’ailleurs convoqué mes parents pour leur faire part de son angoisse. Et sa proposition c’était que je reprenne le cours moyen 2, le temps d’avoir au moins 10 ans pour pouvoir affronter le collège. »
Evidemment la petite écolière ne l’entendait pas de cette oreille-là. Elle va tout convoquer pour exprimer sa colère et son mécontentement avec succès. Elle sera donc finalement inscrite au collège cette année-là au CES de Ngoa Ekellé précisément où elle a séjourné de la 6ème en 3ème, pour continuer après au Lycée Général Leclerc de Yaoundé en 2nd A4 Allemand jusqu’en Terminale.
Elle passe ensuite une année et demie à l’Université de Yaoundé I à Ngoa Ekellé en Lettres bilingues. Alors qu’elle est admise en deuxième année, elle passe le concours de l’ESSTIC et est reçue. Evelyne Owona Essomba fait donc partie de la 26ème promotion, de 1995 à 1998. L’une des promotions les plus riches d’étrangers avec un grand contingent de maliens, de togolais, et de gabonais.

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« Je voudrais citer quelques camarades qui sont aujourd’hui des visages très connus de la scène médiatique au Cameroun : Charles Atangana Manda, Gedéon Andjomo, Ndah kilian Ndifor, Georges Kelong, Anselme Ndolpata, Elisabeth Florence Mvondo, Martine Mengue, j’en oublie certains qu’ils me pardonnent. Certains nous ont malheureusement quittés prématurément. Je pense à Liliane Florence Bobe qui était Délégué régionale de la Communication du Sud, on l’appelait affectueusement Lili. Mais avant elle, il y a eu Mbeng Céline épouse Tabe qui était directeur général adjoint du Palais des Congrès de Yaoundé. Il y a aussi eu Florence Fotso Sobgwi et Asta Varamla Fadimatou Damdam partit également trop tôt et bien d’autres de nationalités diverses. Nous étions je crois, une vingtaine de camerounais. »

Entrée percutante dans le monde professionnel

Evelyne sort de l’ESSTIC en 1998 et depuis la 3ème année de cette école elle imprimait son nom et sa signature EMAK, Evelyne Mengue Akoum. Une signature très connue à Mutations elle avait eu l’honneur qu’elle qualifie de redoutable, d’avoir la responsabilité de la page culture et Com jusque-là tenue par une certaine Mireille Bisseck. « Un redoutable honneur parce que venir après Mireille Bisseck était pour moi un challenge fou. Une plume comme la sienne, vraiment c’était difficile. » Mais elle s’est battue autant que possible pour exister, pour pouvoir inscrire son nom dans ce journal là et cesser d’être pour les nombreux et fidèles lecteurs la fille qui a remplacé Mireille Bisseck Eyouck qu’elle avoue admirer énormément en tant que devancière.
Evelyne Owona Essomba entame sa carrière à la CRTV en 1999. Elle est recrutée au sein d’une promotion baptisée les 15, parce que qu’ils étaient au nombre de quinze jeunes journalistes appelés à la CRTV par le Directeur général de l’époque Gervais Mendozé qui voulait rebooster la rédaction. Elle eut la chance de faire partie de ces quinze-là : « C’était un mercredi je m’en souviens. Il se trouve que le vendredi qui suivait, je me suis retrouvée à l’antenne TV en train de présenter une émission qui s’appelait « Soirée spéciale » au côté d’un certain Billy Show. En fait c’est que le Directeur général convoque les dames nouvellement recrutées, juste après la signature du contrat dans son bureau. Il nous informe qu’il a besoin d’une présentatrice pour l’émission « soirée spéciale ». « Qui est-ce que ça intéresse ? » avait-il demandé. Nous avons toutes baissé les têtes et regardé nos chaussures. J’ai timidement levé le doigt et il m’a dit « oui oui venez ! Vous vous appelez encore comment ?» et moi de répondre « Evelyne Mengue Akoum ». Il a immédiatement rédigé la note, a demandé à la secrétaire de la saisir et me la remise pour aller la remettre au réalisateur Martin Nke à l’époque. Il y était écrit que j’étais la nouvelle présentatrice de l’émission soirée spéciale. Moi je ne connaissais pas l’émission, je ne me souviens pas l’avoir regardé un jour. Je suis évidemment mal accueillie par l’équipe de production de l’émission qui ne savait pas que j’étais du personnel de la CRTV. Ce qui était normal. Ca faisait seulement 2 jours que j’avais été recrutée. Donc ma première apparition TV a été une vraie catastrophe parce que personne n’était disposé à me donner de petites ficelles. Il y avait 5 cameras ou 4 je ne m’en souviens plus, des projecteurs aussi. J’avais effectué des stages à la TV mais en qualité de reporter. Présenter une émission face aux caméras c’était autre chose. J’étais intimidée par le grand Billy Show qui était à l’époque l’un des grands animateurs de la CRTV. Donc j’étais impressionnée. »
Mais après cette épreuve, elle prend petit à petit goût et finit par s’en sortir. Elle passera 8 mois dans cette émission-là. Accaparée par son travail de reporter à la rédaction centrale où elle avait été affectée. La coordination de deux rubriques lui est confiée. Il s’agissait de : « le livre de la semaine », une note de lecture qu’elle signait tous les samedis et qui s’achevait par un stand up de 15 à 20 secondes. Le deuxième micro magazine qu’elle produisait pour le journal télévisé du weekend, c’était le plateau des artistes. 7 minutes de tête à tête avec un artiste. Elle va également prolonger son amour pour la littérature dans une production lourde mais de courte durée qui s’appelait bookinerie : « Je n’ai pas pu tenir plus d’un an j’ai dû arrêter parce que je n’avais pas les moyens de continuer. C’était trop lourd à porter toute seule, jeune journaliste que j’étais. La nature du programme était exigeante. Il fallait les moyens pour s’acheter les ouvrages et il fallait du temps. »

Sa carrière s’est poursuivie dès 2003 à Douala où elle rejoint son époux. « Nous venions à peine de nous marier. J’ai donc dû m’adapter à ma nouvelle vie d’épouse et à mon nouveau nom de baptême. Ce nom que je porte aujourd’hui, Evelyne Owona Essomba. J’ai travaillé à la station régionale CRTV du Littoral avec un encrage sur la radio. J’y ai passé 6 ans. »
En 2009 son mari est muté à Maroua par rapport à son activité. En femme respectueuse de son mariage et amoureuse de son mari, elle va le suivre. A ce propos une anecdote resurgit dans sa mémoire : « c’est que quand je demande à être affectée à Crtv Extrême Nord, le Directeur général se demande si je ne suis pas tombée sur la tête. Parce que les demandes comme celle-là, il n’en recevait pas beaucoup. En général on y allait par affectation disciplinaire. Et pourtant j’y ai connu une expérience professionnelle et humaine extraordinaire où j’ai senti l’utilité de ce métier, où j’ai été fière d’être journaliste. Je ne garde que de beaux souvenirs du travail abattu là-bas auprès de gens admirables attachants, des auditeurs et téléspectateurs qui sont restés fidèles et proches de vous. J’ai adoré travailler à CRTV Extrême Nord. J’y ai passé pratiquement 2 ans. »
Evelyne va ensuite revenir à Yaoundé en 2011 mais cette fois pour s’installer. Les raisons étaient toutes simples : Il y avait l’appel de la Direction qui sollicitait son expertise relativement au vent de réaménagement des programmes qui soufflait à la tour de Mballa II.

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Elle est immédiatement mise à contribution à la présentation des journaux. D’abord ceux de la journée le 8,12 et 18 heures qu’elle présente pendant 1 an. Ensuite elle va présenter le journal du weekend pendant 6 mois. Et enfin elle sera promue au journal du soir. Le 20h30 dont l’aventure a commencé en 2012.
« C’était pour moi une grosse fierté, un gros challenge. C’était un privilège par-dessus tout. Etablir cette connexion avec mon public à un moment de prime time, de grande écoute. Je me suis sentie connectée avec le public en essayant d’inscrire une touche particulière. Une touche de convivialité. Pour moi c’est un moment de partage avec les téléspectateurs. Je leur donne l’information du soir d’une manière un peu personnelle. J’ai l’impression que je m’adresse à chaque téléspectateur en particulier. Lorsque je suis sur le plateau du 20h30, c’est une expérience extraordinaire, ce sont des émotions qui marquent la vie nationale. Vous sentez que toute l’attention de la République est braquée sur vous parce que l’actualité l’exige. Il faut pouvoir être à la hauteur et en même temps savoir se montrer modeste et ne pas faire ombrage à l’actualité qu’on est sensé servir. C’est un défi permanent, c’est une construction de tous les jours. »

Précisons qu’Evélyne est la doublure de la titulaire Adèle Mballa, une autre As de la présentation du JTV sur la CRTV. Donc en cas d’indisponibilité d’Adèle, Evélyne la remplace tout naturellement. « C’est ce que prévoit la nouvelle formule depuis que la CRTV est revenue à une présentation unique des grands journaux. » argue-t-elle.
Avide d’inventivité, Evelyne crée l’émission « Thematik » qui est dit-elle, son bébé et qui en est en ce moment, à sa deuxième saison. « Je suis très fière de cette émission et de l’impact qu’elle a sur les populations. C’est un programme auquel je tiens beaucoup. »

Evelyne Owona Essomba a vécu de grandes émotions en couvrant des événements d’envergure sur le terrain. Des moments intenses de la vie nationale comme le crash de Mbanga Pongo qui a assez marqué sa mémoire. Tout cela a été couronné en 2005 par des galons de grand reporter.

Evelyne vue par elle-même

« Je me caractérise comme une personne spontanée qui se laisse aller, entière, mais qui sait aussi être exigeante par rapport aux personnes autour de moi. J’aime toujours les pousser à donner le meilleur d’eux-mêmes. Je suis très très patiente, hyper patiente même comme on le prend parfois pour de la faiblesse, jusqu’à ce qu’on s’en morde les doigts. Parce qu’autant je suis patiente, autant je sais être catégorique et me braquer. Et en général quand je suis braquée, il est difficile de me faire revenir en arrière. Je ne vis jamais dans le passé. J’avance, je suis dans la progression. Quand une histoire est passée, elle est passée. »

Couleurs préférées

« Je ne suis pas sûre d’en avoir vraiment mais j’aime bien les couleurs chaudes de manière générale. Rose fuchsia, bleu roi, j’aime bien ces couleurs-là qui égayent ma peau noire. Ce sont des couleurs qui ont toujours eu le plus bel effet. J’ai tendance à être simple et à ne pas mettre trop de bling bling, trop de fringant. Je suis plutôt simple dans le choix de mes tenues, dans le choix de mes modèles, dans le style en général je suis simple, discrète mais élégante et naturelle. »

SES ICONES

Evelyne s’est imbibée des talents des plus grands, tout en se frayant son propre chemin exposant par la même occasion son génie aux yeux du monde.
« J’ai été séduite par Angèle Luh Mbazoa qui présentait le journal de 13 h et qui avait son célèbre bonjourrrrrrr qui durait une minute, j’appréciais sa voix, sa tenue d’antenne et je voulais faire le 13h comme Angèle Luh. Elle m’a donné l’envie de faire ce métier.
J’ai eu la chance de passer par des maîtres plus grands encore : Charles Ndongo, Marie Claire Nana qui a été mon encadreur de première année à Cameroon tribune. A l’époque elle était Chef service société. Elle ne le sait peut-être pas mais c’est elle qui m’avait appris à écrire.
L’inimitable talent d’Alain Bélibi, le maître de la titraille.
J’ai eu la chance de passer par le moule d’un certain Jean Atangana dans Dimanche midi, au 13 h j’ai été émerveillée par une personne totalement exquise, Pascal Mebe Abah. J’ai eu le privilège d’apprendre la rigueur avec André Guivoum, d’apprendre la polyvalence et de tout ce que le talent peut faire avec un Abel Mbengue. J’ai eu la chance d’avoir la rectitude avec Antoine Marie Ngono, Joseph Marcel Ndi, encadreur de notre promotion. Denise Epote évidemment avec son style flegmatique qui vous captivait et vous portait. Ils sont nombreux qui m’ont porté et captivé me donnant l’envie de bien faire ce métier. J’ai été particulièrement émue de les voir revenir à l’antenne à l’occasion de la radio des icônes. »

Plats préférés

« Déjà je ne suis pas une grosse mangeuse. Mais j’aime le poisson dans toutes les sauces. Je l’aime en Ndomba, par exemple le poisson d’eau douce, les épices du pays j’aime beaucoup. La sole braisée j’aime particulièrement. J’adore le Sanga, et le Zom sans sel avec des arachides et du manioc. Si vous voulez me faire plaisir invitez-moi à manger ça. »

Perspectives

« Je suis maintenant plus intéressée à transmettre. C’est une perspective qui me plaît beaucoup. Ça fait bientôt quatre ans que je suis sollicitée pour partager mon expérience avec les apprenants de l’Institut de Formation et de Conservation du Patrimoine Audiovisuel de la CRTV à Ekounou. C’est une expérience gratifiante. Je voudrais aller plus loin dans la formation. C’est pour cela que j’ai repris par ailleurs mon cursus académique. Pendant que j’étais à Douala j’ai passé mon Master 2 en Sciences de l’Information et de la Communication. Actuellement je prépare dans le même domaine mon Doctorat. C’est vrai que je n’ai pas beaucoup de temps pour mener mon projet doctoral à terme, mais j’espère bien pouvoir le terminer rapidement pour pouvoir avoir la possibilité d’enseigner dans les écoles prestigieuses telles que l’ESSTIC. En ce moment je suis sur un gros challenge, c’est le projet de mise en route de la Chaîne d’information en continue sur la CRTV, « CRTV News » comme Chef de Chaîne adjoint et rédacteur en Chef. C’est un bébé que j’espère voir naître bientôt pour le plaisir des téléspectateurs.
Je suis reconnaissante et flattée par la confiance que la hiérarchie m’accorde chaque fois, les défis qu’elle m’amène à affronter. C’est le cas de ce qui s’est passé pendant la CAN féminine où le défi et le risque étaient immenses. Quitter sa zone de confort professionnel pour prendre le risque de se faire insulter ou huer par les téléspectateurs. Je crois que ce métier est aussi celui du partage et de l’innovation. Tant qu’on ne sort pas de sa zone de confort professionnel on ne peut pas savoir de quoi on est capable. C’étaient deux semaines de CAN féminine où j’ai donné tout ce que j’avais. Je suis repartie à l’école du foot, à l’école de la retransmission. »

UN CONSEIL AUX JEUNES FEMMES JOURNALISTES MARIEES

C’est difficile de tenir son rôle d’épouse et de mère quand on travaille. Le journalisme en plus de vous prendre votre temps vous expose davantage. Alors il faut activer les ressorts de la compréhension mutuelle et se donner une discipline de vie. C’est un travail d’équilibriste à plein temps.

André BION andrbion@yahoo.com copy right 2017

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